Benoît Crucifix est Docteur en Langues et Littératures Modernes de l'Université de Liège. Il a consacré sa thèse de doctorat à la patrimonialisation de la bande dessinée américaine par le biais de qu’on appelle le graphic novel, ou roman graphique.

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La bande dessinée en tant qu'objet d'étude historique

B. Crucifix s'est intéressé à la manière dont les transformations d’un objet médiatique populaire s’accompagnent d’un regard sur son propre passé. Il a ainsi étudié une génération de dessinateurs qui se sont fait passeurs d’une mémoire de la bande dessinée, en recourant à différents gestes matériels : la collection, l’exposition, la réédition, la citation, l’emprunt. En s’attachant à décrire ces gestes de transmission au plus près possible, il a contribué à une meilleure appréciation des différentes manières dont une culture populaire se transmet et circule à travers le temps et les générations, s’adaptant à différents contextes.

Les études en bande dessinée, surtout côté anglo-saxon (les comics studies), ont suivi une tendance un peu « présentiste », en se concentrant sur une poignée de bandes dessinées relativement récentes, souvent étudiées d’un angle thématique. Les œillères de cette canonisation universitaire sont maintenant bien identifiées, et cela a amené à toutes sortes d’études historiques et à un regain d’intérêt pour l’histoire de la bande dessinée (une tendance plus ancrée dans la tradition européenne de recherche sur la bande dessinée). 

Le travail de Benoît Crucifix se situe dans l'entre-deux, en visant à comprendre comment s’est construite une mémoire de la bande dessinée dans les années 2000 aux États-Unis. Il ne s’agit pas d’étudier l’histoire de la bande dessinée « en soi », mais de porter un regard historique sur cette mémoire, sur la circulation et la transmission d’œuvres à travers le temps. Cela rejoint aujourd’hui des intérêts de recherche autour de la bédéphilie et de la patrimonialisation de la bande dessinée.

Sa vie de 

chercheur

En un mot?

Curiosité, ou réflexivité

En un lieu ?

La Billy Cartoon Library & Museum (Columbus, Ohio)

 

Retour sur son parcours

Il entame son doctorat à l’Université de Liège en 2015, après avoir suivi une formation en langues et lettres germaniques à l’UCLouvain puis en études littéraires à la KU Leuven. Attiré par les travaux du groupe ACME qu'il connaissait depuis quelques années grâce à un ouvrage collectif sur un éditeur de bande dessinée qu'il suivait alors de près, son choix se tourne vers Liège, où il bénéficie d’un mandat d’aspirant FNRS durant 4 ans.

Son conseil aux (futur·e·s) docteur·e·s ?

Je récite volontiers un des premiers conseils de mon promoteur, qui a toujours fait écho chez ses doctorant·e·s : « tout texte scientifique est une photographie, un instantané de la recherche à un moment donné ».

 

Ses projets pour l'avenir

Benoît Crucifix travaille actuellement sur le dessin d’enfant dans la bande dessinée, au sein d’un projet de recherche européen dirigé par Maaheen Ahmed à l’Université de Gand. Le projet cherche à écrire une histoire des rapports entre enfance et bande dessinée en Europe et rassemble six chercheurs et chercheuses. Si ces deux dernières années marquées par la pandémie ont amené leur lot de difficultés et de réflexions, il aspire à pouvoir continuer à faire de la recherche dans un contexte plus collectif et collaboratif, en se tournant davantage vers le « grand public ».

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